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L’oiseau de nuit

La nuit est ma demeure.

— Victor Hugo

Je suis un oiseau de nuit. C’est souvent lorsque la lumière décline que tous mes sens sont en éveil. Le crépuscule annonce les heures sombres à venir. Je suis joie.

Bien sûr, la lumière du jour ne me laisse pas indifférent. Un ciel bleu sans nuages me donne le sourire et me réchauffe le coeur.

Je tiens d’ailleurs à remercier notre étoile, le soleil. Sans son rythme de sommeil, je ne pourrais pas profiter de la nuit noire.

La nuit, tous les chats sont gris. Et moi, je suis invisible, ou presque. Seule la Lune peut me voir. C’est un peu comme si elle veillait sur moi.

Elle aussi, je l’aime. L’élégante. Je me loverais bien dans sa courbure pour observer la Terre, et je me laisserais aller à quelques pensées nocturnes.

Revoir le rayon d’lumière, transpercer les nuages, après la pluie
La chaleur étouffante assécher la tuile
Revoir encore une fois, l’croissant lunaire embraser la nuit
Embrasser mes anges, quand l’soleil s’noie d’faire du sommeil une terre vierge Converser dehors sous les cierges
Revoir son sourire au lever quand j’émerge

— Akhenaton, Revoir un printemps, IAM.


Je crois que je devais avoir une douzaine d’années. J’avais insisté auprès de mes parents pour que l’on adopte un chien, et puis j’étais tombé sur une charmante petite boule noire qui était venue au monde en face de chez nous, de l’autre côté de la rue.

Ses yeux ne s’étaient pas encore ouverts sur le monde que je le regardais déjà dormir dans son panier, enroulé sur lui-même juste à côté de sa mère. On l’avait appelé Obsi, en référence à la roche volcanique, l’Obsidienne noire.

Je ne sais pas vraiment pourquoi je pense à lui au moment où j’écris ces lignes. Je sais juste que c’était un adorable petit chien noir.


C’était un soir de la semaine, j’avais choisi Frank Sinatra pour m’accompagner jusque tard dans la nuit.

Au moment où les premières notes de « New York, New York » résonnaient dans la pièce, je me retrouvais soudainement plongé au coeur de la ville.

New York, New York
Start spreading the news
You’re leaving today (tell him friend)
I want to be a part of it, New York, New York
Your vagabond shoes, they are longing to stray
And steps around the heart of it, New York, New York

— Frank Sinatra, New York, New York.

J’imaginais alors me perdre dans les ruelles de Gotham City, la ville qui ne dort jamais.

Une nuit entière à écumer les mythiques clubs de jazz à l’intérieur desquels flottent encore les fantômes de Charlie Parker, Louis Armstrong et Duke Ellington, pour n’en citer que quelques-uns.

De la musique, des rires et des larmes. Des rencontres, des émotions glanées ici et là jusqu’au premières lueurs du jour le lendemain matin.

C’était un doux rêve, et puis je suis peu à peu revenu à moi.

Dehors, la nuit tombe. Alors, je lui tends mes bras…

Le jour est paresseux mais la nuit est active.

— Paul Eluard

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