L’importance des silences dans la musique, et dans la vie…
J’ai pratiqué la musique pendant une dizaine d’années quand j’étais plus jeune. Formation classique, d’abord la théorie avec le solfège, puis la pratique d’un instrument. C’était marrant le solfège, même si ça demandait beaucoup de travail et de motivation. Et puis l’envie de jouer est vite arrivée, et c’était quand même beaucoup plus sympa…
J’avais choisi la guitare classique, ma prof s’appelait Catherine. Dans mes souvenirs, une jolie jeune femme, élégante. Je crois que beaucoup de papas n’étaient pas insensibles à son charme, le miens en premier ! Je me demande bien ce qu’elle est devenue depuis tout ce temps.
Après deux petites années de classique, ce fut ma rencontre avec la guitare jazz et un guitariste en particulier. Je me suis alors lancé avec passion dans le jazz et l’improvisation, j’ai découvert des guitaristes de légende comme Wes Montgomery, Pat Metheny, Jim Hall ou Biréli Lagrène. À raison de plusieurs heures par semaine, je jouais avec une motivation incroyable.
William, mon prof, enregistrait les grilles d’accords sur des cassettes audio, vous avez bien lu, des cassettes audio, et j’improvisais dessus à la maison.
Il me rappelait souvent ce que les mains ont de sacré pour un musicien, et particulièrement pour un guitariste. J’avais une très bonne oreille d’après lui, et même beaucoup de talent !
Ce fut de belles années, et même si ça fait longtemps que je n’ai pas ressorti ma guitare, je sais qu’un jour l’envie de jouer me prendra à nouveau.
Silences
Pourquoi je vous parle de ce moment de ma vie ? Parce qu’il y a une autre chose sur laquelle insistait mon prof de guitare : Les silences dans l’improvisation.
L’importance de savoir marquer des pauses dans le morceau, de s’arrêter un instant pour laisser respirer les notes. Donner de l’air à la mélodie, laisser à l’auditeur le temps d’apprécier ce qu’il est en train d’écouter. Jouer avec les silences pour ajouter une nouvelle couleur à l’ensemble.
Marquer une pause. Laisser respirer. Ajouter une nouvelle couleur.
Ce qui s’applique à la musique peut tout aussi bien s’appliquer dans notre vie de tous les jours…
Temps mort
Il nous arrive parfois d’avoir envie de prendre le temps, de nous arrêter pour réfléchir à ce que l’on désire vraiment. C’est une chose bien difficile à faire dans notre monde d’aujourd’hui, un monde qui a tendance à exiger que l’on prenne des décisions rapidement, que l’on avance vite pour être le plus productif possible. La productivité, encore et toujours.
Notre société actuelle nous incite à consommer, à faire, à foncer. Avec de l’entraînement et une bonne dose d’énergie, ça peut fonctionner pendant quelque temps. Et puis arrive un moment où l’on sature, où l’on arrive plus à jongler, où le tumulte autour de nous devient trop oppressant.
Le besoin de silence se fait alors ressentir. On a envie de ralentir le rythme, de prendre des respirations pour donner une nouvelle couleur et un nouveau sens à sa vie.
Argent, succès, reconnaissance. Cette chanson qui revient sans cesse…
Et si l’on s’attardait un peu plus sur ces humains qui s’intéressent vraiment à l’humain ? Ces hommes et ces femmes qui s’intéressent à la vie dans ce qu’elle a de plus pure et qui construisent des projets qui ont du sens.
Ces personnes là travaillent souvent dans l’ombre à l’abris des regards, pendant que d’autres brandissent le micro plus vite que Lucky Luke dégaine son Colt, pour prêcher une soi-disante bonne parole et imaginer notre futur, mais surtout leur futur à eux, avec des dollars plein les poches.
Malheureusement, ce sont souvent les mauvaises personnes qui sont sur le devant de la scène…
Nouveaux horizons
Aujourd’hui j’ai plutôt envie de penser que de faire. Je crois que j’en ai besoin en ce moment. Prendre le temps, faire le tri dans ces milliers de pensées qui s’entrechoquent dans ma tête et qui créent ce bruit inconfortable.
Me retirer un temps de l’agitation de ce monde moderne qui à la fois me fascine et me déçoit, pour mieux envisager le futur. Mettre de la distance, instaurer des silences et laisser un peu plus de place à l’improvisation. Pour m’autoriser plus de choses aussi et m’ouvrir à d’autres horizons.
Quelle mélodie en ressortira ? Je ne le sais pas encore. Laissons un peu de place au mystère.
Je marque une pause, je savoure les silences. Et je suis sûr que de nouvelles couleurs viendront s’ajouter prochainement…
Et puisque l’on parle de silence, je vous invite à écouter l’émission Grand bien vous fasse diffusée demain matin à 10h06 sur France Inter. Le sujet : Silence, on se fait du bien ! David Le Breton, anthropologue et sociologue, auteur du livre Du silence, sera notamment l’un des invités de l’émission.