Je me demande bien d’où me vient cette préférence, et s’il est possible de l’expliquer, mais j’ai toujours préféré les nombres pairs. Je les trouve rassurants, chaleureux même.
Leurs penchants impairs ont un côté froid et sans saveur, ils ne m’inspirent pas confiance. Alors j’essaie de les éviter le plus possible. D’ailleurs, j’avais espéré mieux pour mes 31 ans…
Il y a quand même une petite exception dans cette étrange réalité : le chiffre 5. Il me plaît bien celui là, va savoir pourquoi. Il n’atteint pas l’élégance du 8, ni la simplicité du 6, mais je lui trouve quand même un certain charme avec son côté légèrement arrondi. S’il fallait lui associer une couleur, je choisirais le jaune. Une couleur chaude et réconfortante.
Lorsque je jouais du Jazz, je réglais toujours les potentiomètres de ma guitare de manière à obtenir un son chaud et rond, dans le style de Jim Hall. C’est cette sonorité là qui me procurait le plus de plaisir. Douces mélodies.
Beautiful Love était l’un de mes morceaux favoris, le thème m’avait inspiré l’une de mes plus belles improvisations. Lorsque j’écoute les deux maîtres Jim Hall et Michel Petrucciani jouer ce morceau, j’ai des étoiles plein les yeux.
L’heure n’est pas au bilan, et puis je n’aime pas les bilans de toute façon. Faire le bilan, c’est regarder ce qui a été fait jusque là. J’ai plutôt envie de tourner dès maintenant mon regard vers l’avenir, celui que je ne connais pas encore. Le rétroviseur intérieur est réglé sur la position nuit, pour ne pas être dérangé par les lumières du passé.
25 décembre, le jour de Noël. Tiens c’est marrant je retrouve mon 5, l’exceptionnel. C’est le moment de profiter de la famille.
Les retrouvailles avec celles et ceux qui ont choisi de vivre à des milliers de kilomètres. Les sourires, les rires et les cris de joie des petites frimousses qui sont nées après l’an 2000. Le temps d’une soirée, le cercle familial se referme autour de la table, soudé par un amour inconditionnel.
Le chronomètre de la vie semble s’accélérer à cette période de l’année. Étrange sensation. Comme si le passage de décembre à janvier était une ligne d’arrivée à franchir le plus vite possible, dans une course qui pourtant ne s’arrête jamais.
J’aimerais bien ralentir le temps parfois. Je voudrais pouvoir m’appuyer sur son épaule et passer un bras autour de lui pour l’empêcher de s’enfuir. Lui faire comprendre à quel point nous avons besoin de lui et qu’il n’est pas obligé de courir.
La nouvelle année. Et si c’était elle ?
Hier soir, je rentrais de la capitale après une soirée passée au théâtre avec des amis. Je marchais dans le froid et la brume, le cœur léger, me remémorant ce moment agréable que je venais de vivre. Des choses simples qui font du bien.
L’espace de quelques heures, je retrouvais l’agitation des Grands Boulevards. Je me fondais dans la masse, celle des parisiens. Les jeunes et les moins jeunes. Les classiques et les originaux. Les amoureux avec le regard qui brille, les mendiants avec le regard qui pleure. Paris sera toujours Paris.
Dans quelques jours, je rejoindrai mon année paire. Je nous souhaite un beau voyage, elle et moi. À vous aussi bien sûr. Je suis sûr que les couleurs seront belles.
Le ventre plein et le cœur rempli d’amour, je retrouverai bientôt l’océan, fidèle compagnon de ma nouvelle quête qui m’attend.