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Hibernation

Il y a certains animaux qui ont beaucoup de chance. Ceux qui hibernent en particulier, comme les marmottes, les loirs ou les lérots pour n’en citer que quelques-uns. Je me souviens de ce loir qui nous avait réveillé une nuit alors que nous dormions dans une cabane quelque part en montagne.

On l’entendait gratter au dessus de nos têtes pendant notre sommeil, ça n’arrêtait pas. Comment pouvait-il se douter que nous étions là, nous les humains, allongés dans nos duvets pour quelques heures de répit avant une nouvelle journée de marche le lendemain ?

L’hibernation, c’est cet état pendant lequel le métabolisme de l’animal ralentit fortement et où la température du corps descend progressivement jusqu’à s’approcher parfois de zéro.

Les mouvements respiratoires deviennent moins fréquents. L’hibernant puise alors dans ses réserves de graisses pour continuer à faire fonctionner son organisme jusqu’à ce que les conditions extérieures s’améliorent et qu’il puisse retrouver une vie normale.

Pendant de longs mois, l’animal reste alors immobile, comme figé dans le temps qui lui continue son petit bonhomme de chemin.

Imaginez un peu si l’homme avait lui aussi la possibilité d’hiberner ? Je crois que je choisirais une cabane perdue au fin fond du Yukon, ou alors un chalet dans les Alpes. Et puis pourquoi pas une petite maison en bois au bord d’un lac en Suède. Les alentours de Stockholm me manquent parfois.

Avant la tombée de la nuit, j’irais chercher des provisions de bois, suffisamment pour alimenter le feu de cheminée toute la soirée. J’aurais quand même pris soin d’emporter des vêtements chauds pour éviter que le froid ne m’emporte avec lui.

Après un bon repas chaud, j’allumerais un feu de bois et je m’accorderais quelques heures de lecture. Un livre de Camilla Läckberg sans doute, pour rester dans l’ambiance du moment.

Je finirais par laisser l’histoire de côté pour me mettre à écrire quelques lignes, ma propre histoire. Comme un dernier plaisir avant de me préparer à entrer moi aussi dans un profond sommeil pour quelques semaines ou quelques mois.

Un peu plus tard dans la nuit, je me roulerais en boule dans un coin de la pièce et laisserais mon corps entrer doucement en hibernation. À cet instant précis, je ne serais plus un humain, mais un Glis glis.

Tout cela relève du domaine du rêve, car contrairement aux animaux, nous les humains n’avons malheureusement pas cette capacité d’entrer en hibernation.

Peut-être qu’un jour nous y arriverons, cela pourra nous être utile lorsque nous partirons pour de longs voyages dans l’espace. La science s’y intéresse d’ailleurs.

Mais en attendant, il existe peut-être un autre moyen de s’approcher le plus possible de cet état léthargique afin de donner un peu de répit à notre corps qui est régulièrement soumis à rude épreuve…


Méditer, c’est s’accorder un moment pour soi en choisissant de ralentir le rythme. Notre attention est portée sur notre respiration qui devient plus fluide et plus lente aussi. Nos muscles se détendent, nos pensées vont et viennent sans que l’on y accorde trop d’importance.

Notre corps tout entier se retrouve confronté à lui-même et ce qui se passe autour ne l’affecte plus vraiment.

En nous accordant ce temps de méditation, nous affrontons plus facilement certaines difficultés de la vie, un peu comme cet animal fragile qui se retrouve à devoir lutter contre la dureté des éléments naturels et qui choisi de se plonger dans un profond sommeil pour se protéger.

Et si finalement la méditation était une forme d’hibernation réservée aux humains ?

Au moment où j’écris ces derniers mots, la nuit est déjà tombée depuis quelques heures. Tout là haut au dessus des sapins enneigés, le Mont-Blanc a disparu dans l’obscurité. Il n’y a pas un bruit dehors.

Ce soir, je lirai. Et puis tard dans la nuit, je m’endormirai, sans doute comme un loir…

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