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Laissons passer l’orage

La nature est belle, quelque soit son humeur.

Il y a quelque chose de fascinant avec l’orage. Son apparition est souvent discrète. On sait qu’il va arriver et nous faire une belle démonstration de force, mais son entrée en scène est toujours mesurée. Puis soudainement, il s’abat sur nous, implacable. En l’espace de quelques minutes, la nature tout autour se transforme et nous dévoile une autre facette de sa personnalité, bien plus agitée…

Le ciel s’assombrit, le vent se met à souffler de plus en plus fort, les éclairs viennent illuminer le ciel dans un déluge de flashs qui crépitent, le tonnerre gronde au loin et se rapproche parfois, plus insistant.

Enfin, les premières gouttes de pluie font timidement leur apparition avant de se transformer en trombes d’eau, apportant ainsi une touche finale à la composition. L’air chargé d’électricité, le spectacle peut alors commencer.

J’aime beaucoup ressentir l’énergie qui se dégage lorsque l’orage éclate. Je le vis comme un show électrisant qui fait du bien. Un spectacle qui à la fois secoue, apaise et redonne de la force. Cela peut paraître étonnant, mais l’orage me rassure. Il m’emporte avec lui et me fait oublier tout le reste l’espace d’un instant.

J’ai la chance d’avoir des parents passionnés de montagne qui aiment la nature et les grands espaces. Les Pyrénées, le Vercors, les Cévennes, les Vosges, le Jura, l’Auvergne et j’en passe. Elles en ont traversé des versants mes petites jambes. J’en ai gravi des sommets avec eux, mon bob sur la tête, ma gourde en bandoulière et mon Opinel à la ceinture.

Parfois accompagné d’un ou deux ânes, pour des raisons logistiques mais aussi parce que ce sont des animaux fabuleux, touchants et qui savent prendre soin de l’homme. L’homme qui murmurait à l’oreille des ânes, c’était moi.

Mon père m’a très vite appris à me servir d’une boussole et à lire une carte. C’était parfois utile lorsque les balises se faisaient la malle sur les chemins de randonnées. Il n’y avait pas encore de GPS sophistiqués à cette époque là.

Sur des circuits de plusieurs semaines, les étapes se faisaient parfois dans des gîtes, parfois en pleine nature où il fallait planter la tente au milieu d’une clairière ou près d’un ruisseau.

Certaines tentes présentaient de jolies pointes en métal au niveau du toit, parfaitement adaptées pour capturer… la foudre ! Cela pouvait devenir problématique suivant les conditions météorologiques.

Il y avait alors une technique ancestrale pour se protéger de l’orage lorsque nous étions contraints de passer la nuit en sa compagnie : le plantage de pommes de terre ! Une sur chaque pique, pour le style on repassera mais le principal était de ne pas finir carbonisé.

Il fallait ensuite creuser des rigoles tout autour de la tente pour éviter de finir la nuit totalement immergé ou emporté par un torrent. La timbale en métal qui servait habituellement pour boire était l’outil parfait pour écoper le trop plein d’eau. La randonnée en montagne, tout un art !

Dans certaines régions, les orages peuvent parfois se montrer très violents et destructeurs, mais c’est aussi dans ces moments là qu’ils sont les plus beaux. Je les ai toujours vus avec un regard bienveillant, même si ce n’était pas toujours drôle de se remettre de leur passage.

Mais après tout, ce n’est que la nature qui s’exprime. Imaginez tout ce qu’on lui fait subir sans même lui demander son avis. Laissons-la vivre un peu elle aussi et apprenons à l’écouter, car elle en a des histoires à nous raconter.

Si vous avez un jour l’occasion de vivre ce genre de moments, essayez d’en saisir toute l’énergie, prenez le temps de les accueillir et laissez-les passer sans essayer de lutter.

Ressentez aussi ce calme et cette paix qui s’installent après la tempête. Le ciel qui reprend ses couleurs, l’air qui devient de nouveau respirable, cette nouvelle sensation de fraicheur, l’eau qui s’écoule dans un bruit continu et apaisant, les oiseaux qui se mettent de nouveau à chanter.

Ce soir, l’orage m’a une nouvelle fois dévoiler toute sa beauté. C’était court, mais intense. C’était fort. Alors je voudrais lui dire merci. Merci Dame Nature de nous permettre à nous humains de vivre ces moments et ressentir tout cet émerveillement devant un tel spectacle.

La nature est belle et elle sait comment nous le montrer, soyons reconnaissant envers elle. Sachons reconnaitre tout cet amour qu’elle nous témoigne chaque jour. Prenons soin d’elle et surtout, restons humains.

L’orage rajeunit les fleurs.

— Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal.

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