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Océan mon amour

L’océan m’appelle. Je l’écoute mais j’ai peur de lui répondre…

Mon histoire d’amour avec l’océan a débuté il y a 15 ans, lors d’un séjour d’initiation au surf dans les landes. Ce n’était bien sûr pas la première fois que le rencontrais, mais cette année là allait marquer le début d’une belle histoire entre lui et moi.

Ma grand mère maternelle avait de la famille du côté d’Anglet. Une vieille cousine qui aimait beaucoup rire et qui jouait à la belote comme personne ! Petit, je me souviens de belles parties avec elle et les grands parents, dans un coin du jardin à l’abris de la chaleur. Je découvrais la région des Landes, le Pays Basque aussi.

La découverte du surf a donc eu lieu à Seignosse, sur les magnifiques plages du Penon, des Bourdaines et des Estagnots. L’océan, les vagues, le soleil. Et sans doute les meilleurs beach breaks d’Europe qui s’offraient à moi l’espace de quelques semaines.

Depuis cette année, j’y suis presque retourné tous les ans, nouant une relation particulière avec ce lieu qui représente pour moi un véritable coin de paradis. Une émotion vive et un sentiment de bien être intense à chaque arrivée. Une tristesse infinie à chaque départ.

Arnaud, un copain du lycée, a choisi de vivre une vie paisible un peu plus à l’intérieur des terres, au milieu des pins. Lui qui se prédestinait à des métiers liés aux sciences, le voilà à brasser de la bière dans les Landes. On l’appelle Arnoramix, car il a tout d’un druide lorsque vous le voyez remuer sa potion dans sa grande cuve de brassage. Et je peux vous dire qu’elle en a du goût sa potion une fois mise en bouteille !

Les années passent, les obligations professionnelles me rattachent malgré moi à cette région parisienne où j’ai grandi et passé une bonne partie de ma vie. Mais dans un petit coin de ma tête, une idée est là, attendant sagement son heure…

Et si un jour je m’offrais ce plaisir ? Et si je m’installais dans les Landes, cette région qui me donne tant de plaisir depuis toutes ces années ? Et si enfin je m’autorisais à vivre pour moi ? Et si j’écoutais mon coeur, pour une fois, quitte à devenir un druide moi aussi ?

Le départ a failli avoir lieu en début d’année, et puis tout ne s’est pas passé comme prévu. La vie est ainsi faite. Il y a certaines choses que l’on ne maîtrise pas malheureusement. Sauf que l’idée est toujours là. Et elle revient sans cesse. L’appel de l’océan, encore et toujours…

J’écrivais l’autre jour quelques lignes sur cette difficulté à faire des choix.

Repenser sa carrière, revoir ses choix de vie pour tendre vers plus de sérénité. Se déconnecter du virtuel que cette société nous impose pour se reconnecter à la nature et à l’humain.

Recherche de la paix intérieure.

L’autre jour sur France Inter, Hubert Reeves nous rappelait une nouvelle fois d’emmener nos enfants dans la nature afin de leur faire découvrir et aimer notre planète. Je suis émerveillé par cet homme, par toutes les idées qu’il partage depuis tant d’années. Cet amour infini qu’il a pour la nature et sa manière de raconter des histoires.

Prenez un peu de temps pour écouter la conférence qu’il a donné en septembre dernier à l’occasion du Télérama Dialogue. Une véritable leçon de vie. Je pense que si tous les être humains pensaient comme Hubert Reeves, il règnerait sur Terre une parfaite harmonie.

Je trouve que notre société d’aujourd’hui est devenue experte dans l’art de brasser du vent. On attache beaucoup trop d’importance à certaines choses qui finalement n’apportent rien. Quand on voit aujourd’hui le temps que passent les jeunes sur les réseaux sociaux et autres applications mobiles dites sociales, je pense qu’il y a vraiment de quoi se poser des questions quant à notre avenir.

Quelque part, je m’inquiète pour ce monde de plus en plus digitalisé. Je m’inquiète de la manière dont sont utilisés ces nouveaux outils de communication, et surtout des intentions de leurs créateurs. La direction que nous prenons est-elle la bonne ? J’en doute. Qu’allons-nous laisser aux générations futures ?

Pourquoi vouloir à tout prix créer une société d’humains errants tels des zombies, l’esprit emprisonné par ces écrans et ces entreprises engrangeant une quantité incroyable de données et générant des milliards de dollars pour… Pour quoi au final ? Pour nous enfermer encore plus dans leur monde et avoir le contrôle sur tous nos faits et gestes ?

J’ai regardé la série Black Mirror sur Netflix. Electrochoc. Merci Charlie Brooker. Il y a encore des gens qui pensent sur cette planète.

Il vous fait envie vous ce monde vers lequel on se dirige tout droit tête baissée ? Elles vous font rêver ces boîtes qui se vantent de vouloir nous offrir du divertissement et du bonheur au quotidien ? Bullshit ! Leur seul motivation est de faire de l’argent, toujours plus d’argent, pour se remplir les poches et alimenter celles de leurs investisseurs. Elles ne nous veulent pas du bien, détrompez-vous.

Le pire, c’est que les personnes à la tête de ces compagnies sont érigés en incroyables visionnaires, en sauveurs de l’humanité ! Laissez-moi rire, jaune le rire.

A quoi rime tout ce cirque ? Nous sommes pourtant des milliards à jouer à ce jeu, à avoir ce sentiment d’exister dans ce qui n’est finalement qu’un vide absolu. En volant notre temps, ces entrepreneurs-gourous nous volent notre argent. Et nous on continue d’alimenter la machine comme si c’était naturel. Certains ne le font pas heureusement, mais combien sont-ils dans la masse ?

Je me demande, n’y aurait-il pas mieux à faire pour occuper notre passage sur Terre et préparer celui des générations futures ?

Tout n’est pas négatif, mais quand même. Nous ferions mieux de passer plus souvent en mode avion et de nous rapprocher de ce que la planète peut encore nous offrir, dans sa forme la plus simple. Pour notre bien-être à tous.

L’océan m’a encore appelé ce matin. Je n’ai pas décroché, mais comme toujours j’ai écouté son message. Peut-être que je vais finir par lui répondre, enfin. En attendant je lis, je pense et j’écris. J’essaie d’avancer chaque jour, à mon rythme, les yeux grands ouverts, curieux, à l’écoute. Je pense à prendre d’avantage de bains d’arbres aussi. Merci encore Hubert Reeves pour tes mots…

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