Samedi matin, 11h34.
Je referme le coffre de ma voiture et enfile mon sac à dos avant d’emprunter le chemin qui s’enfonce dans la forêt.
La température est plutôt douce pour un premier week-end d’octobre. Tout là haut, le ciel bleu dépourvu de nuages.
Autour de moi, des chênes de tous âges. Ils sont là par milliers et on ne voit qu’eux. Leur beauté m’interpelle.
Les odeurs de la nature viennent me chatouiller les narines. Je prends de grandes inspirations et mes poumons en redemandent.
Le bruit de nos pas comme seule véritable preuve d’une présence humaine. Nous avançons au rythme des glands qui se décrochent et rebondissent sur les branches en faisant de petits « tocs » amusants.
Sans m’arrêter, je lève la tête et observe la cime des arbres. La nature défile sous mes yeux et soutient mon regard. Mon cœur bat en souriant.
Le temps d’une pause, j’écoute le chant d’un oiseau, puis un autre. L’hymne du vent qui souffle sur les feuilles. Devant moi, le tronc d’un vieux chêne. Des pensées me traversent.
Quel âge a-t-il ? Quelle est son histoire ? Comment se sent-il après toutes ces années ? À quoi pense-t-il ?
Avant de repartir, la paume de ma main effleure son écorce en signe de reconnaissance.
Nous reprenons notre marche sur le chemin caillouteux. Je scrute le fossé sur la droite à la recherche de mon premier cèpe de l’année.
Une libellule nous fait signe de la suivre avant de bifurquer dans une autre direction.
Nous quittons le sentier et entrons dans la forêt profonde. Le sol tendre et humide. L’épais tapis de feuilles et de branchages qui craque sous nos pieds me laisse rêveur.
De minuscules grenouilles sautent ici et là. L’une d’elles pénètre dans un petit monticule de mousse et disparaît mystérieusement.
Soudain, elle s’arrête. Là, comme un cadeau inattendu, un énorme bolet orangé d’un autre âge mais qui semble en pleine forme. Nous rions et nos yeux s’illuminent.
Quelques images de la soirée à venir. Un champignon délicatement nettoyé et coupé en morceaux, une poêle chaude et… chut, profitons encore de notre présence en ces lieux.
Plus de 20 ans ont passé et la cabane est toujours là. C’est ici que nous nous retrouvions le midi après la cueillette, autour d’un grand feu. Des bribes de conversations me reviennent, beaucoup de rires aussi. C’était il y a si longtemps.
Samedi après-midi, 15h54.
L’âme en paix, je quitte la forêt. Mon premier bain d’arbres automnal comme un nouveau souvenir à jamais gravé en moi.